Claudine et JF - Mariage morvandiau - 18 Octobre 1975
Danse villageoise - Gravure de Albrecht Dürer - 1514
Je m'éveillais, c'était la maison natale,
Il pleuvait doucement dans toutes les salles,
J'allais d'une à une autre, regardant
L'eau qui étincelait sur les miroirs
Amoncelés partout, certains brisés ou même
Poussés entre les meubles et les murs.
C'était de ces reflets que, parfois, un visage
Se dégageait, riant, d'une douceur
De plus et autrement que ce qu'est le monde.
Et je touchais, hésitant, dans l'image,
Les mèches désordonnées de la déesse,
Je découvrais sous le voile de l'eau
Son front triste et distrait de petite fille.
Étonnement entre être et ne pas être,
Main qui hésite à toucher la buée,
Puis j'écoutais le rire s'éloigner
Dans les couloir de la maison déserte.
Ici rie qu'à jamais le bien du rêve,
La main tendue qui ne traverse pas
L'eau rapide où s'efface le souvenir.
: La maison natale - Yves Bonnefoy
La jungle selon José Gamarra (Uruguay).
: : : ... renvoyer le silence
à l’une ou l’autre errance/
écouter/ carcéral/
hurler le littoral
sous les vents fous d’amour/
refuser le sommeil
pour rêver de plus belle
sur des noms de pays
aux syllabes plus charnelles
que la chair périssable/
s’il est vrai que les pierres/
les places et les chemins
ne tressaillent ni ne parlent/
du moins ils nous survivent
forts de leur sang immobile/
les choses sont fertiles
et les jardins profanes
couvent des incendies
à damner les étoiles/
à évincer l’oubli/
je n’ai de nostalgie
que ce qui va venir/
l’éblouissement/ sans doute.
: : :
Paroles pour solder la mer
Édouard J. Maunick
: Christiane - 1950 - 1932
Cycliste par Miguel Barcelo
: Mauricette
. Place du marché à Bonneville
. Sur le quai de la gare de Bonneville,
. avec Mme Colomb, Bob et... - 1961
: : : je ne pouvais plus ignorer ma double imposture :
je feignais d'être un acteur feignant d'être un héros.
À peine eus-je commencé d'écrire, je posai ma plume pour jubiler.
L'imposture était la même mais j'ai dit que je tenais les mots
pour la quintessence des choses.
Rien ne me troublait plus que de voir mes pattes de mouche
échanger peu à peu leur luisance de feux follets
contre la terne consistance de la matière : c'était la réalisation de l'imaginaire.
: : : Les Mots (1964)
Jean-Paul Sartre
Dans le jardin des Crouteaux
: La vieillesse est une voyageuse de nuit :
la terre lui est cachée ;
elle ne découvre plus que le ciel.
: Vie de Rancé, Chateaubriand
1917 - Une aquarelle de Jules Pinasseau :
« L’un d’nous est mort,
et mort joyeux
En s’écriant: tout est au mieux!
Voilà ma tombe toute préparée
Dans la tranchée.»
: : :
Rosalie, chanson
: : :
Théodore Botrel
: : :
(1868-1925)
Quelle chimère est-ce donc que l'homme ?
quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos,
quel sujet de contradictions, quel prodige ?
Juge de toutes choses, imbécile ver de terre,
dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur,
gloire et rebut de l'univers.
Qui démêlera cet embrouillement ?
: : : Blaise Pascal
: : : Pensées 131-434
CHRYSALE
De ces chimères-là vous devez vous défaire.
BÉLISE
Ah chimères! Ce sont des chimères, dit-on !
Chimères, moi ! Vraiment chimères est fort bon !
Je me réjouis fort de chimères, mes frères,
Et je ne savais pas que j'eusse des chimères.
Silène buvant sur son âne
Mantoue, Palais du té.
Avec Raymonde et Raymond Pinasseau
Bonneville, la maison du Canada - 1956
Bonneville, été 1955
Livres sur l'étagère - Anne Cheriez - 2020
Les spectacles du théâtre me ravissaient :
ils étaient pleins des images de mes misères et des substances
où j’alimentais le feu qui me dévorait.
Pourquoi l’homme veut-il s’affliger en contemplant des aventures
tragiques et lamentables, qu’il ne voudrait pas lui-même souffrir ?
Et cependant, spectateur, il veut de ce spectacle ressentir l’affliction,
et en cette affliction consiste son plaisir.
Qu’est-ce là, sinon une pitoyable folie ?
Car nous sommes d’autant plus émus que nous sommes moins
guéris de ces passions.
Quand on souffre soi-même, on nomme ordinairement cela misère,
et quand on partage les souffrances d’autrui, pitié.
Mais quelle est cette pitié inspirée par les fictions de la scène ?
: : : Saint Augustin
Claudine - janvier 2006
Puis Camille Maurane à Jouy-en-Josas (1980..?)
Candice au Macval - février 2009
: : : Paroles de Cohélet, fils de David, roi de Jérusalem.
Vanité des vanités — disait Cohélet — vanité des vanités, tout est vanité !
Quel profit l’homme retire-t-il des peines qu’il se donne sous le soleil ?
Une génération s’en va ; une génération lui succède ;
la terre cependant reste à sa place.
Le soleil se lève ; le soleil se couche ;
puis il regagne en hâte le point où il doit se lever de nouveau.
Tantôt soufflant vers le sud, ensuite passant au nord, le vent tourne,
tourne sans cesse, et revient éternellement sur les cercles qu’il a déjà tracés.
Tous les fleuves se jettent dans la mer, et la mer ne regorge pas,
et les fleuves reviennent au lieu d’où ils coulent pour couler encore.
Tout est difficile à expliquer ; l’homme ne peut rendre compte de rien ;
l’œil ne se rassasie pas à force de voir ;
l’oreille ne se remplit pas à force d’entendre.
Ce qui a été ? C'est ce qui sera plus tard.
ce qui est arrivé arrivera encore.
Il n'y a rien de nouveau sous le soleil,
et nul ne peut dire : Voici une chose nouvelle ;
car elle a déjà existé dans les siècles qui nous ont précédés.
On ne se souvient pas des choses anciennes,
et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas
non plus de souvenir chez ceux qui vivront plus tard.
: : : Paroles de l'Écclésiaste
Rinocéros - Avallon - Octobre 2012
Hermès inconnu qui m’assistes
Et qui toujours m’intimidas,
Tu me rends l’égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;
Par toi je change l’or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans le suaire des nuages
Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.
Alchimie de la douleur - Baudelaire
Maisons à Pont-Aven par Paul Beat - 1932
Paul Béat - 1932
Picnic aux environs de Lille
1932 - Bob, les Lebleu et les Béat (Robert Béat et Madeleine Béat-Chauleur)
: : Mme de Clèves, dont l’esprit avait été si agité,
tomba dans une maladie violente sitôt qu’elle fut arrivé chez elle.
On apprit à la cour qu’elle était hors de cet extrême péril où elle avait été ;
mais elle demeura dans une maladie de langueur qui ne laissait guère
d’espoir de vie.
Cette vue si longue et si prochaine de la mort fit paraître à Mme de Clèves
les choses de cette vie de cet œil si différent dont on les voit dans la santé.
La nécessité de mourir, dont elle se voyait si proche, l’accoutuma à se
détacher de toutes choses, et la longueur de sa maladie lui en fit une habitude.
Lorsqu’elle revint de cet état, elle trouva néanmoins que M. de Nemours
n’était pas effacé de son cœur ; mais elle appela à son secours, pour se
défendre contre lui, toutes les raisons qu’elle croyait avoir pour ne
l’épouser jamais.
: La Princesse de Clèves - Madame de Lafayette
Anne et Daphnée - Atelier d'Ivry - Février 2009
Bob - Expo Anne Cheriez aux Beaux-arts de Paris - 2006
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