Claudine et Christiane et JF et Mauricette et c'était en 1957 et 1954
: : : Les vergers
Tous les jours à midi on rassasie les saints
Le soleil amoureux exerce sa violence
Des ruisseaux de mercure envahissent les mains
Et des oiseaux dorés meurent dans le silence.
Nous sommes tous ici pour pleurer et sourire
Nous sommes tous ici pour choisir nos prisons
Nous sommes tous ici pour tuer nos délires
Nous sommes tous ici pour mourir de raison.
J’aimais trop les vergers lorsque j’avais trois ans
Un jour il y a eu quelqu’un ou quelque chose
Un passant qui a dit quelques mots en passant
Un soldat enterré sous le buisson de roses.
Il ne faut pas pleurer disait l’araignée noire
Et elle consolait les enfants affligés
À l’heure où le soleil descendait pour nous boire
À l’heure où je te parle à l’heure des vergers.
: : : Brigitte Fontaine
1957, Haute Savoie : la famille au complet.
Mais qui a pris la photo ?
Un retardateur sans doute :
Futé ce Bob !
Elles chanteront quand viendra la pluie, Hermione et Héloïse,
les demoiselles de Chissey
Yves Cheriez, disque d'aluminium, Detroit - 1929
J'ai pu reconnaitre dans l'ordre, Andrée (Deroo),
Alix, Yves et Charles - 1912
Les mêmes, mais dans le désordre,
vraisemblablement le même jour - 1912
La chasse au papillon, Berthe Morisot - 1874 - Musée d'Orsay
: : : Tous les ours naissent bruns, mais en vieillissant,
ils blanchissent, ils prennent des poils blancs, alors on ne sait pas pourquoi,
ils se dirigent vers l'arctique et on dit qu'ils sont à l'arctique de la mort : : :
: : : Alphonse Allais
« Pour renaître, chantait Gibreel Farishta en tombant des cieux,
il faut d'abord mourir. Ho, hi ! Avant de se poser sur le sein de la terre,
il faut d'abord voler. Tat-taa ! Takadoum ! Comment sourire à nouveau,
si l'on ne veut pas pleurer d'abord ? Comment remporter l'amour de celle qu'on aime,
monsieur, sans un soupir ? Si tu veux renaître, baba... »
Juste avant l'aube d'un matin d'hiver, celle du jour de l'an ou environ,
deux hommes réels, adultes et vivants tombaient d'une hauteur vertigineuse,
de huit mille huit cent quarante-huit mètres, vers la Manche, sans disposer
de parachutes ni d'ailes, dans un ciel clair.
« Je te le dis, tu vas mourir, je te le dis, je te le dis »,
et ainsi donc sous une lune d'albâtre, jusqu'à ce qu'un cri immense traverse la nuit,
« Va au diable avec tes chansons ! »,
les mots restèrent suspendus comme des cristaux dans la nuit glacée et blanche,
« dans les films, tu n'as fait que mimer des chanteurs en play-back, aussi
épargne-moi ce bruit d'enfer. »
Les versets sataniques - Salman Rushdie
Candice, Daphnée puis Alice
: Depuis près d'un demi-siècle, il se servait
de son esprit comme d'un coin pour élargir de son mieux
les interstices du mur qui de toute part nous confine.
Les failles grandissaient, ou plutôt le mur, semblait-il,
perdait de lui-même sa solidité sans pour autant cesser
d'être opaque, comme s'il s'agissait d'une muraille de fumée
au lieu d'une muraille de pierre.
Les objets cessaient de jouer leur rôle d’accessoires utiles.
Comme un matelas son crin, ils laissaient passer leur substance.
Une forêt remplissait la chambre.
: l'Œuvre au noir - Marguerite Yourcenar
Rosa bonheur (1822-1899) - Tête d'âne - Huile sur toile, 35,7 x 25,5 cm
: : : Dans les Coulisses de Lakmé
: : : Anne - Claudine - Claire
«
Oh! maîtresse,
C'est l'heure ou je te vois sourire,
L'heure bénie où je puis lire
dans le cœur toujours fermé de Lakmé !
»
Oumou Sangaré, icône féministe, une des figures féminines
les plus respectées du continent africain,
par le peintre congolais JP Mika
On confirme que je suis folle. On commence à m'attacher.
Il paraît que je cherche à fuir. Ce n'est pas vrai. Je cherche juste à respirer.
Pourquoi m'empêche-t-on de respirer? de voir la lumière du soleil ?
Pourquoi me prive-t-on d'air ? Je ne suis pas folle. Si je ne mange pas, c'est
à cause de la boule que j'ai au fond de la gorge, de mon estomac si noué
qu'aucune goutte d'eau ne peut plus y accéder. Je ne suis pas folle.
Si j'entends des voix, ce n'est pas celle du djinn. C'est juste la voix de mon père.
La voix de mon époux et celle de mon oncle.
La voix de tous les hommes de ma famille.
Munyal, munyal ! Patience ! Ne les entendez-vous pas aussi ?
Je ne suis pas folle ! Si je me déshabille, c'est pour mieux inspirer tout
l'oxygène de la terre. C'est pour mieux humer le parfum des fleurs et mieux sentir
le souffle d'air frais sur ma peau nue. Trop d'étoffes m'ont déjà étouffée
de la tête aux pieds. Des pieds à la tête. Non, je ne suis pas folle.
Pourquoi m'empêchez-vous de respirer ? Pourquoi m'empêchez-vous de vivre ?
Les impatientes - Djaïli Amadou Amal
Bob et Charles - Sous les arcades, place de Bonneville - 1953
Roger, Yves, Alix, Charles et Andrée - 1910
Les Ménines de Velazquez
ou l'éblouissante fascination que provoque
un tel chef-d'œuvre
: Nous nous regardons regardés par le peintre, et rendus visibles
à ses yeux par la même lumière qui nous le fait voir.
Et au moment où nous allons nous saisir transcrits par sa main
comme dans un miroir nous ne pourrons surprendre de celui-ci
que l’envers morne. L’autre côté d’une psyché.
Or, exactement en face des spectateurs - de nous-mêmes - ,
sur le mur qui constitue le fond de la pièce,
l'auteur a représenté une série de tableaux;
et voilà que parmi toutes ces toiles suspendues,
l'une d'entre elles brille d'un éclat singulier.
Son cadre est plus large, plus sombre que celui des autres ;
cependant une fine ligne blanche le double vers l’intérieur,
diffusant sur toute sa surface un jour malaisé à assigner;
car il ne vient de nulle part, sinon d’un espace qui lui serait intérieur.
Dans ce jour étrange apparaissent deux silhouettes et au-dessus d’elles,
un peu vers l’arrière, un lourd rideau de pourpre.
(...)
Quel est ce spectacle, qui sont ces visages qui se reflètent
d’abord au fond des prunelles de l’infante, puis des courtisans
et du peintre, et finalement dans la clarté lointaine du miroir ? : : :
: : : Michel Foucault
" Les mots et les choses "
:
Au bout de trente pas, une troisième troupe
Trouve encore à gloser. L'un dit : Ces gens sont fous !
Le Baudet n'en peut plus, il mourra sous leurs coups.
Hé quoi, charger ainsi cette pauvre Bourrique !
N'ont-ils point de pitié de leur vieux domestique ?
Sans doute qu'à la foire ils vont vendre sa peau.
: Le meunier son fils et l'âne - La Fontaine
Claire et Alice - 2021
Pour se souvenir de la cuisine des Crouteaux telle qu'elle était en 2007
Hermione et Héloïse - La cuisine du moulin du Guidon - 2022
D'une cuisine l'autre.
Claudine - dans notre préfabriqué de Jouy-en-Josas.
Le bonheur de ces années 80, malgré le froid
de l'hiver dans une " passoire thermique "
et un poèle à mazout
toujours encrassé par un tirage faiblard.
Bref, ça caillait, mais c'était chouette.
Ah, La nostalgie quoi !
. . .
Il faut, parmi le monde, une vertu traitable ;
À force de sagesse, on peut être blâmable ;
La parfaite raison fuit toute extrémité,
Et veut que l’on soit sage avec sobriété.
Cette grande raideur des vertus des vieux âges
Heurte trop notre siècle et les communs usages ;
Elle veut aux mortels trop de perfection :
Il faut fléchir au temps sans obstination ;
Et c’est une folie à nulle autre seconde
De vouloir se mêler de corriger le monde.
: Le Misanthrope : : : Molière
Anne Cheriez - Last summer 3 - Acrylique sur toile, 2017, 120 x 120 cm
Mosaïque tunisienne du 3e siècle av-JC
: : : Comme ce site, tout se dématérialise,
alors moi, je suis décidé à rester matérialiste.
Sacré JF !
: : : Il faut rendre les mots à l’espace, au pluriel de l’espace, à sa chair.
Percevoir à nouveau le langage comme une onde, un fluide.
J’ai toujours pensé la linguistique comme une partie de la physique des fluides: : :
: : : Valère Novarina
: : : Le son de la pompe qui grince
est aussi nécessaire que la musique des sphères.
: : : Henry David Thoreau
Productrice et exportatrice de café : la Maison Cheriez à Haïti
Mais qui est ce mystérieux personnage en costume et chapeau blancs ?
Félix Cheriez Père, ou Maurice, ou Félix ou Charles ?
Maurice et Charles dans le magasin de Petit-Goâve.
Roger et Maurice, peut-être à l'entrée du magasin.
Le trotskyste que fut ce mécréant de JF, vérait ces photos
comme l'image d'un néo-colonialisme parfaitement insuportable.
Il aurait bien promis le goulag à toute la famille Cheriez.
Qui sait ?
Il a bien changé le bougre !
: : Le paradis
Un jour, j’ai demandé à Da de m’expliquer le paradis.
Elle m’a montré sa cafetière.
C’est le café des Palmes que Da préfère,
surtout à cause de son odeur.
L’odeur du café des Palmes.
Da ferme les yeux.
Moi, l’odeur me donne des vertiges.
: L’Odeur du café - Dany Laferrière
: : : Ayant appris la vie dans les livres,
je n’ai pu que constater ensuite combien la réalité
était bourrée d’erreurs grossières.
: : : Éric Chevillard
Claudine et Alain Aubin.
LE DESTIN
Déesse, toi qui inscris
En caractères étoilés dans le livre de l'Eternité
Les noms de ceux qui deviennent immortels et divins;
Sur la courbe de ton trône sphérique,
Immortalise Calisto. Qu'une nouvelle constellation
Enrichisse la parure du Firmament.
L'ÉTERNITÉ
Qui l'appelle à ces hautes sphères ?
Par quel mérite accède-t-elle à l'immortalité ?
LE DESTIN
Par ma volonté.
Ce que le destin arrête et décide
Ne requiert pas de raison.
Mes décrets sont secrets,
Même pour les Dieux.
: : : Prologue de "La Calisto"
: : : Cavalli
: À partir de "La Déposition" du Caravage
: Acrylique sur toile - Anne Cheriez
Maintenant, je suis mon cadavre, un mort au fond d'un puits.
J'ai depuis longtemps rendu mon dernier souffle,
mon cœur depuis longtemps s'est arrêté de battre, mais,
en dehors du salaud qui m'a tué, personne ne sait ce qui m'est arrivé.
Lui, cette méprisable ordure, pour bien s'assurer qu'il m'avait achevé,
il a guetté ma respiration, surveillé mes dernières palpitations,
puis il m'a donné un coup de pied dans les côtes,
et ensuite porté jusqu'à un puits, pour me précipiter au-dessus de la margelle.
Ma tête, déjà brisée à coup de pierre, s'est fracassée en tombant dans le puits ;
mon visage et mon front, mes joues se sont écrasés, effacés ;
mes os se sont brisés, ma bouche s'est remplie de sang.
: : : Mon nom est Rouge
: : : Orhan Pamuk
Botticelli, L'Enfer
Cerbère par William Blake
Le Paradis selon Jerome Bosch
: : :
Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.
Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!
Tant'è amara che poco è più morte;
ma per trattar del ben ch'i' vi trovai,
dirò de l'altre cose ch'i' v' ho scorte.
: Dante Alighieri
Encres de Marie Sallantin, L'Enfer
Peinture haitienne de Raoul Dupoux (1906 - 1988)
Raoul Dupoux est né en Haïti.
Il est connu pour ses aquarelles et ses dessins à l'encre et au stylo
de scènes de la vie quotidienne en Haïti.
Il a reçu de nombreux éloges pour l'ensemble de son œuvre.
Haïti, 1904. La famille Cheriez au complet :
Roger, Gertrude, Félix, Félix (père), Maurice, Égérie Férrus, Lise, Charles
: : À une antillaise
Princières tes mains sous les chaines,
Aérienne ta grâce légère,
Plus fine, poussière la cambrure de tes reins,
Le soleil qui viole les mornes rouges,
Le soleil qui enivre de sueur chaque heure
Des quinze heures qui te rivent au sol chaque jour,
Mûrit ton cœur riche de sucs
Pour les combats conscients du futur.
Et penché une fois au bord de tes yeux
Ouverts comme des palais ombreux, j'ai vu
Surgir la fierté triomphante des vieux Guelwars.
: : Poèmes perdus - Léopold Sédar Senghor
Charles, Alix, Maurice et Lise - 1904
Wilfrid leur chauffeur, Alix et Charles à l'arrière de la Ford - 1903.
Tourisme à Jersey - Andrée et Roger
J'apprenais par cœur ce visage qui allait
s'éteindre, pour toujours.
C'est si total une présence, c'est si radical, l'absence :
entre les deux nul passage ne semblait possible.
: : : Simone de Beauvoir
: : : Mémoires d'une jeune fille rangée
Mauricette est au volant
Alix, Charles et Yves ; cette fois en calèche - 1911
Yves en coureur automobile - 1932
Charles, très fier au volant de sa Chevrolet - New-York, 1917
Isabelle Lacroix-Cheriez - 1932
Visite de Versailles en Cadillac avec Chauffeur - Juillet 1958
La chance d'avoir un "oncle d'Amérique", ingénieur à la General-Motors (Détroit)
Le petit JF est en admiration devant les chromes : fascination !
Au dessus :
Yves devant son Essex de la Hudson Motor Car Company (Détroit, 1932)
Puis Yves et sa Terraplane de la Hudson Motor Car Company (Détroit, 1935)
10 U 74 - Mauricette et notre 203 Peugeot - Sestrière 1953
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